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Rapports d’observations

Une virée dans le ciel profond ...

Après une longue période de mauvais temps, l’opportunité est belle pour faire une rafale d’images sur la constellation du mois : la Baleine.
A 21h (heure d’été) les conditions météo sont optimales, il fait 14°C mais l’air est un peu humide ...

Étaient présents : Gérard et Alexandre.

La nuit a commencé par une occultation d’étoile : l’astéroïde (1952) Hesburgh passait devant l’étoile TYC 6980-00404-1.
On s’aperçoit alors avec surprise que l’astéroïde est visible sur les images ! On le voit même disparaitre devant l’étoile puis resurgir quelques minutes plus tard.
Ce petit film débute à 19h50’32" et s’achève 21h14’17" TU.

Rigolo, non !?

Hélas, après traitement du drift-scan, on voit que l’occultation est négative. Il faut tout de même se rappeler que nous étions hors de la zone sigma 1.

Hesburgh
Traitement sous Excel du profil photométrique de l’étoile.
Drift scan
Drift scan relatif à l’occultation par (1952) Hesburgh.
L’étoile cible est celle au milieu.

Nous avons ensuite enchainé sur de l’imagerie du ciel profond.

NGC 247

Il s’agit d’une galaxie SBcd (Spirale barrée à bras longs très dispersées.) Elle se situe dans la constellation de la baleine et est distante de 6,8 millions d’années-lumière. Elle mesure 20’ par 7,5’, c’est à dire qu’elle est presque aussi large qu’une pleine Lune ! L’étoile centrale est de magnitude 9. Les nébulosités atteignent la magnitude 14. [1]
Nous avons réalisé 10 images posées chacune 2 minutes. Ces images ont été acquises au foyer du T305, avec la caméra Audine, en binning 1X1, reliée en USB avec le logiciel Pisco.
Ces images ont subi un traitement sous Iris classique [2]
La fin du traitement est rendue délicate par l’application du réhaussement de la dynamique et du masque flou.
Voici le résultat :

NGC 247

NGC 246

NGC 246 est une nébuleuse planétaire découverte en 1785 par William Herschel. Sa magnitude est de 11, elle mesure 4’ x 4’ d’arc. Les mesures du satellite HIPPARCOS révèlent que l’étoile centrale est distante de 2100 années-lumière. Le diamètre de la nébuleuse atteindrait 6 années-lumière. Ceci correspond à une fois et demi la distance entre notre soleil et l’étoile la plus proche. [3]

Nous avons réalisé 10 images posées chacune 2 minutes. Précisons qu’un tel temps de pose nécessite de mettre l’autoguidage en service.
Avec le traitement classique sous Iris, voici ce que l’on obtient :

NGC 246

M 74

L’acquisition sur le 74ème objet du catalogue Messier a échoué. L’objet avait dépassé le méridien local, le télescope à touché le pilier et s’est mis en sécurité ...
Au final, une seule image a été acquise.
Je lui ai fait un prétraitement (offset, dark et flat) un réhaussement de la dynamique et un masque flou.
Ce résultat n’est pas tellement digne d’être publié ...

M 74

A savoir, M74 est une galaxie spirale, distante de 30 millions d’années-lumière, vue du dessus située dans les Poissons. Elle fut découverte par Pierre Méchain en 1780 puis observée par Charles Messier qui l’intégra dans son catalogue quelques semaines plus tard.
Sa masse n’est que de 1/5 celle de notre galaxie mais son diamètre est tout de même de 80 000 années-lumière. Les bras spiraux de la galaxie contiennent beaucoup d’étoiles jeunes ou encore en formation. M74 est la composante la plus brillante d’un amas de galaxies qui comprend en outre : NGC 660, UGC 1171, UGC 1175, UGC 1176, UGC 1195 et UGC 1200.

Deux supernovae ont été récemment découvertes dans la galaxie.

M74 se situe à 1,3° au nord-est de l’étoile η des Poissons. C’est l’un des objets de Messier les plus difficiles à observer. Sa magnitude de 9 le rend invisible à l’oeil nu et aux jumelles. Une lunette astronomique ne permet de voir que le noyau qu’il ne faut pas confondre avec une étoile. Pour espérer discerner la structure spirale de la galaxie, un instrument de 250 mm et de bonnes conditions sont nécessaires. [4]

M 1

La nébuleuse du Crabe est observée pour la première fois en 1731 par John Bevis. Elle est re-découverte indépendamment en 1758 par Charles Messier alors à la recherche de la comète de Halley dont la réapparition devait se produire dans cette année-là, et dans cette région du ciel, à savoir dans la constellation du Taureau. Réalisant qu’il n’avait en réalité pas observé la comète recherchée, Messier a alors l’idée de réaliser un catalogue de nébuleuses brillantes pour limiter les risques de confusion entre celles-ci et des comètes.

M 1 est un rémanent de supernova résultant de l’explosion d’une supernova historique (SN 1054) observée par plusieurs astronomes en 1054 et 1055.

Elle se situe à 6300 années-lumière de la Terre.

D’autres informations à son sujet, dont je vous recommande la lecture, vous attendent sur Wikipédia.

Ici, 8 images ont été acquises, posées 2 minutes. Hélas, ne trouvant pas d’étoile assez brillante à proximité, et la fatigue se faisant sentir, l’autoguidage n’a pas été activé. La qualité des images s’en ressent ...
Voici ce que j’obtiens après traitement :

M 1

Remarquez l’horrible trace de blooming ...
Il s’agit d’un "défaut" inhérant à la technologie des capteurs CCD. Si une étoile sature le capteur, alors les pixels saturés "déteignent" sur les pixels voisins.

Le résultat n’est toutefois pas très convaincant. Des détails apparaissent en poussant le masque flou, mais peut-être s’éloigne t-on aussi de la réalité ? ...

On voit aussi que les étoiles sont ovales : le suivi n’étant pas parfait, les 2 minutes de pose ont provoqué ce défaut. [5]

M 42

J’ai tenté de faire des images sur M 42. C’était mission impossible : le champ couvert par la caméra est trop petit (on aurait pu faire du drift scan sans suivi ...)
Cette nébuleuse dans Orion équivaut quand même à 4 fois la pleine Lune !
Autre obstacle : la partie centrale sature le capteur alors même que les détails périphériques commencent à apparaitre.
Mais je propose un résultat, qui vaut ce qu’il vaut. (A savoir pas grand chose ;) )

M 42


Attardons nous un peu sur son cas ...

La nébuleuse d’Orion, aussi connue sous le nom de NGC 1976, est une nébuleuse en émission/réflexion de couleur verte située au coeur de la constellation d’Orion.

C’est la nébuleuse diffuse la plus brillante : elle est visible à l’oeil nu dans un ciel nocturne sans pollution lumineuse et peut être facilement vue avec une simple paire de jumelles. Elle couvre dans le ciel une zone de 66 × 60 minutes d’arc.
La nébuleuse d’Orion est la partie principale d’un nuage de gaz et de poussières appelé le Nuage d’Orion. Ce nuage s’étend sur près de la moitié de la constellation et contient aussi la Boucle de Barnard et la célèbre nébuleuse de la Tête de Cheval.

La nébuleuse elle-même a une taille d’environ 33 années-lumière et se trouve à environ 1500 années-lumière de la Terre. Elle contient un amas ouvert très jeune contenant de nombreuses étoiles.

La nébuleuse d’Orion fut découverte en 1610 par Nicolas-Claude Fabri de Peiresc qui fut apparemment le premier à remarquer son aspect nébuleux bien que Ptolémée, Tycho Brahe et Johann Bayer identifiaient les étoiles de son centre comme une seule grosse étoile et Galilée avait détecté un certain nombre de petites étoiles lorsqu’il observa cette région avec sa lunette astronomique peu de temps auparavant.

La célèbre nébuleuse d’Orion abrite en son sein une énorme bulle de gaz très ténu, d’une température de 2 millions de degrés. C’est ce qu’a découvert une équipe internationale menée par des chercheurs suisses et du Laboratoire d’astrophysique de Grenoble (CNRS/Université Joseph- Fourier, Observatoire de Sciences de l’Univers de Grenoble) grâce au satellite européen XMM-Newton. Cette température est tellement élevée que le gaz émet non pas dans le domaine visible, mais dans celui des rayons X, domaine d’investigation du satellite XMM, lancé par l’Agence Spatiale Européenne en 1999. Ces résultats sont publiés en ligne le 30 novembre 2007 sur Science Express. [6]

Conclusion

La soirée s’est achevée à 2h30 du matin (heure d’hiver).
Une occultation et 5 objets : on s’est vraiment défoulés !

Un seul regret : ne pas avoir mis l’oeil à l’oculaire, pour ne pas dérégler la mise au point de la caméra ...

En attendant la prochaine nuit ...

Alexandre Cazaux.

Notes

[1D’après Wikipédia, NGC 247

[2D’après

Tutoriel de traitement d’images
Tutoriel proposé par Philippe Deverchère.

[3D’après astrogeek.org, NGC 246

[4D’après Wikipédia, M 74

[5Je propose ici une petite bidouille pour corriger le défaut du suivi :

M1 rectifiée
On a rectifié le rapport hauteur/largeur.

[6D’après Wikipédia, M 42.