Essais de mesures CCD sur les étoiles variables cataclysmiques
C’est à la lecture d’un article de Jean Bourgeois, paru dans "Astrosurf Magazine" N°101, que m’est venu l’envie de remplacer mes estimations visuelles par des mesures CCD. Le but était également de simplifier au maximum la procédure de traitement et d’obtenir une précision de l’ordre de 0,1 magnitude comme en visuel.
Je me suis tourné vers l’observation des étoiles variables cataclysmiques. En effet, les bases de données comportent des manques et certaines étoiles ne sont pas ou peu observées.
J’ai utilisé mon télescope de 400mm Newton sur monture équatoriale à fourche (visible ci-dessous) ainsi qu’une caméra Orion ProV2 en bining 2X2 me donnant des images en noir et blanc. Avec la focale de 1660mm l’échantillonnage est de 1,9" par pixel. Le capteur me donne un champ de 50’X32’. Les poses varient de 30 à 90s sans guidage. Les fichiers sont enregistrés en FITS. Ne disposant pas de Goto, le rythme de pointage et d’acquisition est le même qu’en visuel soit 10 à 12 enregistrements par heure d’observation. L’utilisation de la caméra me permet de gagner 2 magnitudes par rapport aux observations visuelles et d’observer des étoiles de magnitude 16 à 17.
Il me faut ensuite faire une mesure photométrique pour chaque image. J’utilise Muniwin et sa fonction "quick photometry" qui est une fonction de photométrie d’ouverture. Je mesure l’étoile variable ainsi que 4 ou 5 étoiles étalons données par les cartes AAVSO (voir figure 1, image de CH Uma). Je fais ensuite une moyenne des écarts entre les magnitudes données par Muniwin et les étoiles étalons de la carte. J’applique ensuite cette correction à l’étoile variable pour obtenir sa magnitude.
Je n’ai pas trouvé de tutoriel en français expliquant clairement la fonction des cercles ; le premier (le vert) mesure le flux de l’étoile (j’essaie de l’ajuster au mieux au diamètre de l’étoile), l’espace entre les deux autres mesure le fond de ciel (on peut faire varier les dimensions de ces cercles). Il est important de tenir compte du facteur d’erreur mentionné en bas, s’il dépasse 0,1 : j’indique ma variable comme non vue. Le rapport S/N conditionne également la précision de la mesure.
On peut voir sur la courbe de v1391 Cas (fig.2) que mes mesures, symbolisées par l’astérisque orange, concordent bien avec les résultats obtenus en CV (sans filtre) par les autres observateurs.
Néanmoins, il ne faut pas négliger le supplément de travail que demande ce genre d’observations par rapport aux estimations visuelles. Le temps passé à faire la mesure photométrique est au moins aussi long que l’enregistrement des images. J’ai fait quelques essais de prétraitements (dark, offset et plu) mais je n’ai pas obtenu d’écarts significatifs supérieurs à (+/-0,1 mag).
PS : Cet article est paru dans le bulletin n° 176 de l’AFOEV téléchargeable ici :